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Les croix de chemin du Québec
par Journal L'Attisée le 2017-06-03

Trésors du patrimoine religieux du Québec, elles sont toujours présentes, ici et là sur les routes et dans les rangs du Québec. Selon l’historien et ethnologue Jean Simard, il y en a plus de 3 000 qui furent répertoriées dans la province, il y en a quelques-unes ici et là dans la région Chaudière-Appalaches. Joseph Courteau disait « Nos ancêtres se sont installés le long du fleuve Saint Laurent, à mesure que s’ouvrent des chemins des croix apparaissent » et puis, ils ont migré ailleurs en province et la tradition a persisté et chemin faisant on peut encore les admirer aujourd’hui.

Chacune d’elles ont leur histoire, significations particulières telles, site d’un évènement, de prise de possession d’un lieu, un lieu de rassemblements dévotifs, se dit aussi « votive » pour obtenir ou pour une faveur obtenue.

En fait, elles ont traversé le temps ces croix du Québec, elles furent rénovées, modifiées, remplacées ; des croix simples, certaines équarries à la hache, des calvaires avec niches et corpus sculptés, d’autres, tout à fait imposantes comme la « croix de la tempérance » sur le rocher Morneau, la première croix plantée à Gaspé par Jacques Cartier en 1534, la croix du Mont-Royal, la croix de la paroisse de Notre-Dame de Bon Secours (L’Islet) datant de 1842…

Elles servaient jadis de lieu de rassemblement pour ceux trop éloignés de l’église paroissiale, pour célébrer le mois de Marie, les neuvaines de Saint-Joseph et du Sacré-Cœur, d’autres comme reposoir lors de la Fête Dieu. Comme citait Serge Bouchard, « Les chemins se croisent et nous nous croisons en chemin. Les routes sont faites pour la rencontre. Et la rencontre primale c’est celle que l’on fait avec soi-même ; la route sert à la retrouver. » Les anciens s’y arrêtaient sur leur parcours, sinon saluait en levant le chapeau en signe de piété lors du passage.

La croix de la tempérance dont certaines ont été érigées lors de campagnes de tempérance, mouvement ainsi crée qui favorisait l’abstinence en matière d’alcool. Mouvement très répandu au X1X siècle sous Charles Chiniquy, curé de Kamouraska et de Beauport qui passa plus tard au protestantisme. C’est celui qui popularisa la fameuse croix noire que l’on plaçait en vue dans nos maisons.

Des quelques 700 décrites dans la publication de Jean Simard, pour en citer quelques-unes de la région, la croix Auguste Leclerc, rang 2, Saint-Jean-Port-Joli, datant de 1933, en remplacement d’un calvaire érigé par un certain Pearson en 1845 ; croix Demetrius, rang 3, Saint-Aubert, « pour obtenir la guérison de sa sœur », Saint-Pamphile, Calvaire Rosaire Paré, 1840 rang double, initialement érigé par Harmonie Bourgault, ex-voto érigé pour avoir réussi à payer sa terre ; Saint-Damase, croix Thomas Bélanger, 2 croix à Sainte-Louise ; croix Roméo Grenier, Saint-Roch-des-Aulnaies, route 132, auteur ; Charles Boucher, « après guérison de sa femme ».

Des motifs un peu inusités, comme le fameux Calvaire de Saint-Germain-de-Kamouraska, érigé en rapport d’un citoyen en boisson, mort gelé à cet endroit, et ailleurs plusieurs en raison qu’un tel fils à pu éviter la conscription de la guerre, et une certaine croix à Pontbriand, auteur Paul Fillion, pour que sa femme qui l’a quitté, revienne… Et encore, certaines en conjuration des sauterelles, des chenilles, des doryphores (bébittes à patates) …

Comme citait Serge Bouchard, « La première croix de chemin fut quelque part un arbre, la première chapelle, le premier autel, la première prière ».

Il en demeure que ces croix méritent notre reconnaissance en mémoire de ceux qui se sont sacrifiés, et nous devons les conserver, les rénover au besoin. « Tant qu’il y aura une croix en vue, nous sommes au pays des humains (Boulvevard de la réparation Serge Bouchard). ».

Conrad Bourgault, Saint-Bruno-de-Montarville.



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