Pas de romans ce mois-ci : des récits, des essais qui portent à réflexion (même si souvent les romans le font aussi!).

Le récit d’Henning Mankell, Sable mouvant (2015) commence au moment où il reçoit un diagnostic de cancer. J’ai donc cru que ce livre serait une espèce de journal sur l’évolution de sa maladie, de ses états d’âme face au caractère inéluctable de sa condition. Ce n’est pas le cas ; certes il en parle ouvertement, mais cela ne constitue pas l’essentiel de l’œuvre. On y trouve des réflexions sur sa vie, des souvenirs de jeunesse, des propos historiques fort intéressants. Il s’interroge aussi sur l’évolution du monde, passé et à venir, l’état de la planète et ce qui l’attend. L’histoire de l’humanité est une longue chaîne où chacun doit s’occuper de son maillon. Une lecture qui m’a marquée, touchée.

Nancy Huston, Bad Girl (classes de littérature) (2014). Dans ce récit (en français, malgré le titre), Huston s’adresse à elle-même en se nommant Dorrit. À partir de sa vie intra-utérine, elle visite ses origines, son enfance, ses influences, tout ce qui l’a façonnée et dont son œuvre est imprégnée. Le bonheur absolu, c’est quand la famille sort faire un tour en voiture le dimanche et que les parents se mettent à chanter ensemble. Si comme moi vous avez lu et aimé certains de ses romans, vous apprécierez cette introspection.

On a beaucoup écrit sur l’île d’Orléans. En 2006, Jean O’Neil a publié Une autre île d’Orléans, ouvrage dans lequel il exprime son amour pour cet endroit presque mythique. Des propos historiques, anecdotiques, de merveilleuses descriptions et des portraits de gens attachants. Le tout enrobé d’une belle poésie. La tempête nous agitait ses draps blancs devant l’auto et les fantômes dansaient sur la route que c’était à n’y rien voir.

D’Emmanuel Carrère, d’autres vies que la mienne (2009) est un récit bouleversant. Il nous raconte son séjour au Sri Lanka lors du fameux tsunami de Noël 2004. Il est au bord de la rupture maritale. La nuit d’avant la vague, je me rappelle qu’Hélène et moi avons parlé de nous séparer. Obnubilé par son travail d’écrivain, il prend conscience, par l’ampleur du cataclysme « d’autres vies », en l’occurrence celles de gens qui n’ont pas eu la chance d’être épargnés comme lui et sa famille. De retour en France, la maladie de sa jeune belle-sœur secoue la famille élargie. La vie, la mort, la résilience se côtoient au fil des pages. Une histoire vraiment prenante.

Bonne lecture!