25e clin d’œil pour un héros, Yves et l’Everest
par Journal L'Attisée le 2016-04-28

Le bas du fleuve est un réservoir de légendes et d’histoires pleines de vie. Par ses héros et ses héroïnes, sa source prolifique projette des jets éclatants qui retombent sur nous. Aujourd’hui, nous nous flattons de leur souvenir : exceptionnelles sont les traces du 1er Québécois qui a marché sur la tête même de la Terre ce 15 mai 1991 : Yves Laforest.
En écartant un pas chez nos voisins, nous découvrons des couleurs qui se mêlent aux nôtres pour orner notre propre tableau d’honneur. Voilà la raison de nous approprier l’exploit d’Yves Laforest, premier Québécois à marcher sur la plus haute cime du monde. Un pas de géant pour lui : une trace honorifique incrustée dans l’histoire de notre fière région. « L‘Everest m’a conquis » a-t-il écrit. Pourquoi ne pas le dire au monde?
Notre vainqueur n’est pas de ces grandes villes opulentes qui revendiquent à juste titre les honneurs d’exploits sensationnels. Non, il est celui qu’on peut appeler « un p’tit gars de chez nous » venant humblement des terres labourées par nos ancêtres communs de La Pocatière, Montmagny et Cap-Saint-Ignace : son berceau, sa petite école et sa jeunesse d’où il a saisi le premier drapeau québécois pour le planter sur le toit du monde il y a 25 ans. Voir le monde sous ses pieds : c’est la conquête d’un grand homme d’exception dégagé de tout excès de vantardise. À nous l’orgueil quelque peu chauvin qui emprunte son vedettariat. À notre bibliothèque, le récit de son épopée nous fait vivre chaque minute de sa ténacité malgré les peurs, il faut le dire, et l’énergie incroyable d’un homme dont le gabarit semble incompatible avec cette expédition… monstrueuse. Mais de nature sage, avant toute aventure, Yves étudie toujours les pièges et les moyens de vaincre, ce qui le conduit au camp de base du roi des monts : l’Everest.
Aîné de 3 frères et 3 sœurs, écolier talentueux, ingénieur de formation, alpiniste animé du dépassement de soi et fasciné par les plus séduisantes pointes glacées de la planète qui montent là-haut pour se marier avec le ciel : tout en lui le fait regarder haut. Quelque 200 alpinistes dont 6 Canadiens (le 1er, Laurie Skreslet 05-10-89) l’avaient précédé. Un second québécois, Bernard Voyer, a repris son piolet 8 ans plus tard.
Sensible pour une œuvre humanitaire, notre célèbre grimpeur participe à une expédition ironiquement… descendante. Une rivière de notre Colombie canadienne, appauvrie par une période de sécheresse et sans la moindre sympathie pour les feux de forêt, invite donc les randonneurs avec une sécurité certaine. En amont, l’homme et le castor monopolisent leurs réserves d’eau et… ne lisent pas les journaux qui annoncent sans doute l’expédition ce 30 juillet 2003. En aval, les garde-forestiers non plus… Le besoin urgent de freiner l’ardeur des feux ouvre tout grand le fameux robinet salvateur et… meurtrier. Un seul des quatre s’accroche. Champion des neiges éternelles, Yves a atteint dans l’au-delà l’ultime crête en ignorant que dans le sein de son amoureuse, un petit cœur exécute lui aussi un 1er exploit.
Cap-Saint-Ignace dans son parc municipal Optimiste honore ses étoiles du sport en inaugurant le sentier Yves Laforest, (marche, jogging, vélo) et son pavillon identifié au nom d’une athlète montante en vélo de montagne, Isabelle Dubé dévorée par un ours grizzli lors d’un exercice de mise en forme en juin 2005.
L’honneur reste brillant à l’endos d’une médaille ternie par le destin.
Source : reportages médiatiques et souvenirs de la famille.
Rose-Hélène Fortin
Yves, vainqueur des montagnes
Mon petit élève à l'école primaire