Mille feuilles - Familles
par Journal L'Attisée le 2020-11-30
La famille est à l’honneur dans mes suggestions de ce mois-ci. Familles plus ou moins typiques, aux destins variés.
Daniil et Vanya *(2017) de Marie-Hélène Larochelle. Emma, j’ai une très bonne nouvelle, nous avons trouvé un candidat à l’adoption. Emma et Gregory voient leur rêve se concrétiser après des démarches du côté de l’adoption internationale. Étonnés par la rapidité des procédures, ce sont des jumeaux de 15 mois qu’ils vont chercher en Russie. C’est remplis d’amour, d’espoir et de bonne volonté qu’ils abordent leur rôle de parents. Je m’attendais donc à une histoire d’adoption assez conventionnelle assaisonnée de trouble de l’attachement. Mais rien de banal dans cette histoire. Comment ces enfants à la relation fusionnelle arriveront-ils à se laisser apprivoiser, à s’attacher? Les embûches sont nombreuses et on bascule dans une dynamique plus qu’étrange. Je ne sais si l’autrice en a été influencée, mais j’ai pensé aux jumeaux d’Agota Kristof dans Le grand cahier. Brrrr...
Le paradoxe d’Anderson * (2018) de Pascal Manoukian. Aline et Christophe n’ont pas fait d’études supérieures, tous deux sont ouvriers en usine. Ils triment dur pour avoir une vie décente, ils rêvent d’un avenir lumineux pour leurs enfants. Forts de leur amour, lorsque les deux usines sont victimes de délocalisation, ils sont prêts à tout pour les épargner. Rien n’est facile. Depuis deux jours le chômage a éraflé son indestructible optimisme. Un poignant regard sur les gagne-petit aux prises avec des décisions dont ils sont exclus, le désespoir qui en découle.
Le portique (1999) de Philippe Delerm. À 45 ans, Sébastien a une belle famille : une femme et deux enfants qu’il aime, un travail valorisant. Il avait toujours senti en lui à la fois cet accord avec les choses de la vie et la possibilité de prendre avec elles la distance nécessaire pour les goûter en spectateur. Pourtant, il traverse une période de mal-être qui entraîne des symptômes physiques qui l’angoissent. Cela l’amène à réfléchir sur le sens de la vie, sur l’importance à accorder aux divers aspects de celle-ci.
Je suis une Viking * (2020) de Andrew David MacDonald. Le Viking que mon frère m’a offert pour mon anniversaire, il était grand et musclé. L’incipit de ce roman nous laisse croire que le narrateur est un enfant à qui on a offert une figurine de Viking pour sa fête. Mais on réalise bientôt qu’il s’agit d’une jeune femme. Zelda a 21 ans, est atteinte du syndrome d’alcoolisation foetale et accuse un retard intellectuel. Elle est malgré tout en quête d’autonomie et est par-dessus tout passionnée par les Vikings, leur histoire, leurs dieux et leurs valeurs. Elle transpose cette passion dans son quotidien : pour elle rien n’est plus important que sa tribu, ses proches, quoi. On découvre dans cette histoire que les gens différents ont leurs besoins, leurs rêves, leurs droits. Et que parfois ceux qui nous semblent très vulnérables possèdent des ressources insoupçonnées.
Sur ce, bonne lecture et joyeux Noël!