Souvenirs de voyage du siècle passé
par Journal L'Attisée le 2022-03-04
« Un rêve de voyage, c’est déjà un voyage. » Mark Halter
Partir en vacances et partir en voyage ont longtemps été synonymes pour moi. Même avec les années, partir en voyage a conservé le goût des vacances.
Au cours des années 70, les vacances devaient avoir comme destination essentielle : la mer. Cet attrait, ce désir était heureusement partagé par mon compagnon de voyage. La formule retenue pour réaliser ce rêve relevait d’une grande simplicité. Nulle réservation requise, et vous l’aurez deviné, aucun tout inclus.
La tente étant l’une des plus anciennes formes d’habitat humain, elle ferait bien l’affaire. D’ouverture triangulaire, en forme de toit et il faut ici le préciser : de format minimaliste. Y accueillir deux personnes en position assise ou couchée c’était déjà beaucoup, nullement question de tenter la position debout.
Le terrain de camping et l’emplacement trouvés avec vue imprenable sur la mer, il restait à monter « l’habitation ». Planter les sardines (piquets), ajuster le double toit en toile, installer les sleepings qui à eux seuls recouvraient pratiquement toute la surface de l’unique pièce.
Bon point, nous ne serions pas incommodés par les odeurs de bouffe à l’intérieur, car il nous fallait préparer nos repas à l’extérieur avec ce que j’appellerais « une batterie de cuisine » dans sa plus simple expression.
Les orages et les coups de vent représentaient une grande menace à notre confort, mais mère nature était le plus souvent « de notre bord »! Et quand on a la jeunesse, le grand confort se veut un article bien accessoire.
Malgré la facilité apparente de l’aventure, l’étape de la préparation des bagages, surtout les miens, représentait presque un voyage en soi. C’est là que je ne faisais guère dans la simplicité. Quand venait le temps de choisir entre l’essentiel, le secondaire et le superflu... il me fallait pratiquement autant de matériel que ce soit pour une semaine ou pour un mois.
Et les îles, car il s’agissait d’aller aux îles, valaient-elles le déplacement?
Sûrement, car nous y sommes retournés à quelques reprises sans nous en lasser.
Le côté bucolique des Îles-de-la-Madeleine lors des belles journées de fin juillet, le chapelet de petites maisons couleur de l’arc-en-ciel disséminées sur tout le territoire, les longues plages sablonneuses. La pêche aux maquereaux et la cueillette des moules dégustées le soir même devant un coucher de soleil à couper le souffle. Un petit paradis sur terre surtout en amoureux!
L’Ile-du-Prince-Édouard quand à elle et ses magnifiques rochers de grès rouge surplombant des kilomètres de plage elles aussi sablonneuses invitaient à la baignade... fraîche!
Et ses fameux « Lobster Suppers ». Sous leur cuirasse rouge les crustacés frais du jour étaient servis dans une grande salle communautaire où de longues tablées étaient dressées. Les convives au coude à coude pouvaient y échanger tout en dégustant avec les doigts, pour la plupart, l’exquise chair blanche et délicate. Inoubliable!
Une petite anecdote avant de revenir. Nous roulions fenêtres ouvertes et cheveux au vent par un bel après-midi de juillet. J’étais à consulter la carte routière lorsqu’un coup de vent l’a aspirée sur l’île à tout jamais. C’est alors qu’on entendit : « J’ai perdu la carte ». Une légende urbaine venait de naître.
Mais rassurez-vous, nous avons pu regagner sans problème la maison.
« On ne saurait aller chercher trop loin le plaisir de rentrer chez soi » Paul Morand.
Par Clémence Lord