Connaitre et reconnaitre les Handicaps Neurologiques Invisibles (HNI) VIVRE AVEC DES TICS
par Journal L'Attisée le 2022-05-14
Mois de la sensibilisation du Syndrome de Gilles de la Tourette (SGT) du 15 mai au 15 juin
Les tics peuvent être présents en tant que comorbidité dans plusieurs handicaps neurologiques invisibles (HNI). Il faut les observer et les noter, s’ils sont présents au-delà d’un an, avec également certaines particularités, il peut s’avérer que la présence des tics est due à un syndrome de Gilles de la Tourette (SGT). Il se peut également que les troubles associés soient présents avant que les tics apparaissent. De cette façon, il est plus difficile d’obtenir le diagnostic et une confusion dans les observations peuvent ralentir le processus d’évaluation. Le SGT peut être accompagné d’un ou plusieurs troubles associés que voici : manque d’inhibition, rigidité, changements d’humeur, TDAH, difficulté de modulation sensorielle, épisodes explosifs, impulsivité, désorganisations neurologiques, obsessions compulsions (idées obsessionnelles et accaparantes), TOC, difficulté d’organisation et de planification, difficulté d’adaptation, difficultés d’apprentissage, troubles du sommeil et anxiété.
Les tics sont des mouvements ou des sons involontaires. Ils ne sont pas les mêmes d’un endroit à l’autre. Ils peuvent apparaître et disparaître et aussi être plus intenses une journée et moins l’autre. Ils sont imprévisibles. Demander d’arrêter un tic peut provoquer le contraire. Les tics peuvent être soulagés par la prise de médicament, par la possibilité de les relocaliser dans une autre partie du corps, en diminuant l’anxiété, en changeant l’activité en cours ou par des moyens de retrouver le calme (respiration, yoga, équithérapie, etc.). Le contrôle des tics est un combat de tous les jours, car la tolérance en milieu social et scolaire est faible. Certains tics ne sont pas acceptés, même s’ils sont involontaires. Les jeunes avec des tics sont parfois injustement punis à cause de l’incompréhension et de la méconnaissance de leurs tics. C’est certain qu’avec de la tolérance, des connaissances et de la reconnaissance, ce serait plus simple.
Juste avant le diagnostic officiel, il n’est pas rare que les gens confondent les tics et mauvais comportements : « … arrête de faire des grimaces… arrête de faire des faces pour faire rire les enfants dans la file d’attente… tu déranges… », mais ce ne sont pas des grimaces, ce sont des tics. Même avec un diagnostic de SGT, il y a un manque de tolérance et de compréhension. Le lancer du bouchon, ça ne passe pas aux yeux des intervenants scolaires, même avec un diagnostic établi. Lancer un objet fait pourtant partie de la liste officielle donnée en pédopsychiatrie. Le lancer est un tic et il faut accompagner le jeune avec ce tic et non le punir en confisquant l’objet. Il faut prendre le temps de transférer le tic vers un autre ou demander d’aller dans un endroit sécuritaire pour le lancer ou trouver des moyens avec l’élève afin de diriger son attention sur autre chose ou demander de le remettre et qu’il pourra le ravoir à la fin de la journée à un moment déterminé. Pour cette dernière option, il est important de laisser le temps de terminer l’évacuation du tic et laisser le jeune le remettre de lui-même. Le confisquer et mentionner qu’il va aller à la poubelle peut créer une désorganisation neurologique intense. (Je parlerai de la désorganisation neurologique dans un autre volet de connaitre et reconnaitre les Handicaps Neurologiques Invisibles [HNI]).
Anecdotes avec tics :
Copropaxie (Doigts d’honneur). Comment s’en sortir ? En les cachant dans ses poches. Alors, lorsqu’un jeune atteint du SGT dit à sa professeure qu’il ne peut ne pas écrire en montrant ses mains dans les poches, ça prend une grande souplesse et une reconnaissance des symptômes. Il faut accepter que le temps passe et que le jeune puisse se remettre à la tâche.
Lors d’un moment d’attente à l’hôpital, un jeune avec le SGT, fait des doigts d’honneur à une petite fille dans une aire de jeu avec module. Le brave enfant, à peine diagnostiqué (7 ans), va expliquer au papa ce qu’il a. Alors le papa a permis à ce jeune garçon d’aller jouer avec sa fille. Quel beau moment ! Lorsque la petite fille quitte, le jeune garçon va dans une autre salle de jeu avec sa maman et à cet endroit, pas de doigt d’honneur ! Le jeune garçon s’empresse de dire : « Maman, on reste ici ». Les tics varient d’un endroit à l’autre et c’est vraiment vrai.
Écholalie. Lors d’une séance de peinture sur toile, le jeune adolescent répète ce que l’animatrice dit avec la même intonation. Chaque fois qu’il répète, elle a un sourire en coin. Elle s’en rend compte, mais a une réaction discrète. Parfait pour ne pas faire augmenter le tic ou provoquer une désorganisation neurologique et ainsi lui permettre de faire son activité jusqu’au bout. Lorsque la mère qui accompagne son enfant se retrouve seule avec l’artiste, elle lui explique que la répétition de ses mots et de ses phrases est de l’écholalie. L’animatrice pensait qu’il blaguait et qu’il l'imitait et elle trouvait ça charmant et amical. Étant donné qu’elle connaissait certaines particularités du jeune garçon, elle n’en avait pas fait de cas.
Haut-le-cœur. Un des tics les plus désagréables est le haut-le-cœur. Entendre les mouvements de haut-le-cœur de son enfant qui part vers l’école avec la bouteille d’eau à la main, c’est triste. Ce matin-là, le parent a contacté l’école afin d’expliquer que son enfant n’était pas malade, que le haut-le-cœur était une simple contraction involontaire des muscles et que la bouteille d’eau le calmait.
Coprolalie. Dire caca de façon répétée dans une phrase lorsqu’on parle des repas ou on fait l’épicerie, ce n’est pas bien bien drôle pour un jeune de 15 ans ! « Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? », « Du caca… On pourrait manger du général tao… et du caca ». Vous comprendrez que même avant que son SGT ne soit diagnostiqué, ce jeune l’avait et il a été puni à l’école pour des situations semblables. Et même parfois après son diagnostic, étant donné que ce n’est pas inscrit sur son front ! Le STG fait partie des HNI.
Déchire des feuilles ou des livres. Dans une salle d’attente chez le dentiste. Atteint du SGT, le tic présent pour le moment est de déchirer des feuilles et des livres. Oups, il y a des revues. L’enfant le dit à sa maman, il sent monter le tic. Elle va à la réception et demande des feuilles qu’elle peut donner à son fils pour qu’il les déchire. Le tic cesse de l’envahir avec la possibilité de le faire. Les feuilles sont là ! Dans cette même période, cet enfant a déchiré des travaux scolaires. À la maison, il déchirait des piles de papier.
Les Tics possibles
Tics vocaux simples, aussi appelés tics phoniques ou tics sonores simples :
- Raclement de gorge
- Toussotement
- Crachement
- Cris aigus
- Aboiement (ou autres sons d’animaux, hennissement, gloussement, etc.)
- Grognement
- Claquement (langue, lèvres)
- Sifflement
- Soufflement
- Aspiration
- Émission de sons telle : « eh eh », « iii » et « bou ».
Tics vocaux complexes :
- Des expressions comme « oh boy », « la ferme », « tu sais », « t’es gros », « ok », « c’est quoi ? »
- Styles respiratoires complexes
- Discours atypique, tel un langage avec des rythmes, des tons ou des débits inhabituels
- Bégaiement
- Coprolalie : mots expressions obscènes, agressifs, ou socialement inacceptables
- Palilalie : répétition de ses propres sons ou mots
- Écholalie : répétition des sons, mots ou groupe de mots d’autrui (reproduit les thèmes d’émission de télé et de film).
Tics moteurs simples :
- Clignotement des yeux
- Grimaces
- Moue
- Haussement des épaules
- Mouvements brusques des bras et de la tête
- Raidissement et contraction des abdominaux
- Coup de pied (sur la patte de table ou du pupitre)
- Mouvement des doigts
- Froncement ou haussement des sourcils
- Craquement de jointures
- Cliquetis des dents
- Raidissement des parties du corps
- Mouvements saccadés des parties du corps
- Autres : Haut-le-cœur.
Tics moteurs complexes :
- Touche des objets, les autres ou lui-même
- Lance des objets
- Tournoie
- Fléchissement
- Posture dystonique (croisement des jambes dans le but de retenir un tic)
- Se mord la bouche, les lèvres ou les bras, sucette sur les bras
- Roule des yeux verticalement ou horizontalement
- Expressions faciales étranges
- Embrasse les autres (donner des câlins statiques et sans émotion)
- Tire sur son crayon pendant qu’il écrit
- Pince les autres
- Déchire des feuilles ou des livres
- Copropaxie, gestes obscènes Doigt d’honneur
- Tape ou coup de poing sur une surface, un mur ou sur la porte dans la voiture
- Autres : tête avant arrière, cogner les genoux ensemble, écho praxie (c’est une tendance involontaire spontanée à répéter ou imiter les mouvements d’un autre individu), taper dans les mains, série de mouvements répétés (compulsion sans obsession).
Référence :
https://www.chusj.org/getmedia/2685f563-32d3-426b-bce9-a781619bdb10/depliant_F-861_syndrome-Gilles-de-la-Tourette-mieux-comprendre_FR.pdf.aspx?ext=.pdf
https://aqst.com/