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Les commerces de proximité
par Journal L'Attisée le 2022-10-04

PAR ISABELLE PARADIS


J’ai eu une ferme maraîchère dans la région de l’Érable, dans un petit village duquel il ne restait que le nom. Peu de familles habitaient désormais cet endroit dans lequel nous ne retrouvions plus ni église, ni école ni bureau de poste et plus un seul commerce. J’écoute les personnes âgées que je côtoie dans le cadre de mon métier me conter leur village d’antan, foisonnant de tous ces petits commerces qui fournissaient ce dont les villageois avaient besoin ; et, avec tristesse me dire qu’il n’y a plus d’épicerie et que le dépanneur vient de fermer… Est-ce encore un village ? Peut-on appeler village un lieu où il n’y a aucune chance d’interaction entre les gens, sans rencontre fortuite à l’épicerie pour se conter les dernières nouvelles de la famille ou si peu de possibilité de développer des liens avec les gens autour de nous ? Lorsque nous étions arrivés dans cet endroit, je m’étais bien demandé comment nous allions apprendre à connaître nos concitoyens. Seuls au fond de notre rang, nous n’avions aucune possibilité de rencontrer les autres, à moins de faire du porte à porte !!! Quelle tristesse ! Nous connaissions bien davantage de gens habitant la grande ville la plus proche, où notre fils allait à l’école, où notre épicerie se trouvait et où nous vendrions en partie nos légumes !!

Il y a bien des facteurs qui expliquent ces sombres réalités. Et plusieurs sur lesquelles nous n’avons que peu d’emprise. Mais une chose est certaine, nous, consommateurs, avons un pouvoir pour faire vivre ou pas les commerces que nous voulons. Nous sommes sur la ligne de front. Et même que, vu la lourde tâche que ces commerces modernes ont, avec les difficultés qu’ils traversent à tous les niveaux, nous devrions aussi prendre sur nos épaules de les supporter et de les faire vivre. Saint-Jean-Port-Joli est chanceux. Dans bien des cas les touristes aident les commerçants à rester ouverts. Mais cela ne doit pas nous empêcher de remarquer l’importance qu’ils ont et de faire l’effort, avec conscience, de leur permettre de vivre fort, car ce sont nos commerces qui forment la colonne vertébrale de la municipalité, qui font que je peux trouver ici ce dont j’ai besoin, où je peux côtoyer le monde, le regarder, lui parler, savoir que je ne suis pas seule, que je vis dans une communauté qui me soutient et que je soutiens.

Nous associons le commerce au mercantilisme et au capitalisme, qui ont mauvaise presse ces temps-ci, avec raison. Mais les marchands de proximité sont d’abord et avant tout des fournisseurs de services, des donneurs de choses que l’on ne pourrait s’offrir par nous-même, des entremetteurs de besoins que nous avons, à tous les niveaux. Ils sont le point d’orgue de nos villages, où les liens se tissent, la vie se fait et se défait pour mieux se refaire, à meubler toujours mieux notre bonheur, dans le quotidien de la vie.

Prenons-en soin. Valeur de proximité plutôt que d’économie peut-être, mais l’économie se fait certainement à d’autres niveaux. Pensons plus loin que nos habitudes et nos portefeuilles. Pensons village, pensons communauté, pensons nous et l’autre, l’autre et nous, tous ensemble.

Ronfle un œil ouvert
À garantir tes arrières
Le cœur déposé
Sur ton oreiller.



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