Photo : Conrad Toussaint

Il y 35 ans, les Port-Joliens ont revêtu leurs beaux habits et sont sortis en famille pour offrir un témoignage de foi dans leur église paroissiale, c’était la présentation d’une œuvre d’art : une crèche de Noël sculptée dans le bois de tilleul.

L’idée est venue du curé de l’époque, Sarto Lord. Un sculpteur local l’avait taquiné au sujet de la crèche de son église qui était faite de plâtre. « Si vous n’êtes pas satisfaits de votre crèche, a répliqué le curé, qu’attendez-vous pour en faire une en bois ? » Dans la capitale de la sculpture sur bois, en toute logique, il convenait que cette crèche soit l’œuvre des artistes locaux.

À l’insu du curé, le sculpteur Benoi Deschênes invite ses collègues à relever le défi. La réponse est spontanée et un comité est formé. Chaque artiste propose de créer une figure de son choix selon sa spécialité, personnages, animaux ou objets. Le tout d’une facture traditionnelle en respectant le style ornemental de l’église construite en 1779.

« Dans le secret de leur atelier, au milieu des ouvrages à finir des commandes des clients, ils ont fait chanter le bois et créé des personnages bibliques ». (Sylvie Ruel)

En ce soir du 12 décembre 1987, le temple paroissial est illuminé de tous ses feux. Quinze sculpteurs présentent 21 personnages et animaux taillés secrètement dans le bois de tilleul aux Port-Joliens éblouis sous l’œil des caméras de Jean Letarte, réalisateur de Radio-Canada.

Aux chants de la chorale, chacun des artistes s’avance humblement pour offrir son œuvre et la déposer dans la crèche. Les mélodies de Noël se mêlent aux bravos des paroissiens enthousiastes. Le curé est agréablement ému. Les sculpteurs apportent à la communauté leur message d’amitié et de générosité.

La soirée a été largement médiatisée et le film réalisé a été traduit en trois langues.

Au fil des ans, d’autres sculpteurs ont apporté leur généreuse contribution à cette magnifique œuvre collective.

En 1223, saint François d’Assise organise une crèche vivante ;

Dès le XVIe siècle, les premières crèches font leur apparition dans les églises ;

Les Santons de Provence sont créés au XVIIIe siècle ;

Plus près de nous, il y a les Santons de Charlevoix depuis 1983 ;

Et en 1987, dans la capitale de la sculpture sur bois, des artistes de chez nous ont offert généreusement une crèche à l’image de leur talent.

Voilà le mystère de Noël dans toute sa beauté et sa simplicité.

 
Source : Benoi Deschênes