Prêtre jubilaire Abbé Paul Bélanger
par Journal L'Attisée le 2016-09-01
C’était le 11 juin 1966. À Saint-Aubert, Mgr Charles-Henri Lévesque procédait à l’ordination à la prêtrise de Paul, fils de Joseph Bélanger et Joséphine Dubé. 2016 nous rappelle les 50 ans de son dévouement dans le diocèse.
Le 21 mars 1941 est jour d’attraction rare dans la famille Bélanger. Postés au-dessus d’un berceau, seize petits yeux s’émerveillent devant des bébés jumeaux, Paul et Paulette. Sans retard, le clocher annonce leur 1ère rentrée dans notre petite église. Paul y sera fidèle comme servant de messe d’abord dans les pas de ses grands frères, au son des psaumes grégoriens du paternel qui va de chants en champs à travers sa généreuse participation aux organismes paroissiaux pendant que la maman, ignorant la réputation du 13 menaçant, ajoute trois autres photos dans son album de famille. Le p’tit gars grandit comme les autres dans sa famille. Au fond de sa petite âme, peut-être y a-t-il déjà une microscopique graine d’apôtre qui joue à la cachette? À l’école, Paul prend de la place; les copains espiègles l’étiquètent amicalement gros Paul. Se souvient-il de son rôle du robuste père Brébeuf voisin de poteau de torture du maigrelet père Lalemant (Jean-Luc Caron), dans une scène fort bien réalisée et applaudie qui a fait pleurer l’auditoire témoin de la perfection du jeu des petits acteurs?
L’écho des grandes écoles l’appelle au collège de Sainte-Anne-de-La-Pocatière pour les huit longues années classiques. Habitué aux ébats libres des vacances au lac Trois-Saumons depuis qu’il en a escaladé les côtes raides dans son moïse avec ses provisions de bouteilles de lait, Paul se bute à des panneaux stop qui affichent les règlements rigoureux des pensionnats du temps. Que de sacrifices pour entreprendre une autre escalade! Ses compagnons du cours 130 l’apprécient comme le compère sociable, de contact amical, talentueux, dynamique, bon comédien à la voix chantante remarquable avec une prime d’éloquence qui a sans doute influencé les votes lors de son élection à la présidence de sa classe. Au terme de la rhétorique, un rite appelé prise de rubans étale devant collègues et parents les différentes couleurs caractérisant chaque profession choisie. Le blanc est l’image de l’engagement à la prêtrise. Paul l’épingle à son uniforme.
Un peu plus haut, le Grand Séminaire de Québec guide sa préparation au sacerdoce. Sa belle église paroissiale toute ornée du bonheur des siens ce 11 juin 1966 chante le cérémonial grandiose de son ordination. Le lendemain, elle partage les émotions du nouveau prêtre à sa première messe avec un clin d’œil au paradis de l’oncle Philippe, jésuite.
Ces grands jours sont comme le camp de base du grimpeur ouvrant sur les escarpements de tout une chaîne de missions à hisser au sommet de notre foi : études à Ottawa et en Belgique, (baccalauréat ès arts, licence en théologie, maîtrise en pastorale scolaire) implication dans le milieu scolaire, du scoutisme, de l’organisme Mond’Ami, responsabilité auprès de ses confrères du collège et don total de 24 ans de sa vie auprès des prêtres aînés à la Villa Saint-Jean, service paroissial à Rivière-du-Loup et à la desserte de la chapelle du lac Trois-Saumons qu’il assume également depuis 24 ans. Cette tâche estivale lui accorde des moments de sérénité bienfaisante tel le palier de repos nécessaire à tout bon alpiniste pour arriver au but. Notre disciple taquin à l’exemple de son divin Maître aurait donc changé le lait de son biberon en bon vin pour communier avec les fidèles de notre beau lac et ainsi prolonger les jours de sa fière chapelle menacée d’abandon plutôt qu’honorée au temple de nos monuments patrimoniaux.
Le passage de l’abbé Paul dans notre communauté et au sein de ses nombreuses réalisations a semé le bon grain. Qu’il soit heureux! Saint Jean-Baptiste, le vieux patron centenaire de la chapelle et tout Saint-Aubert lui offrent leurs sincères félicitations pour cet anniversaire d’or.
Rose-Hélène Fortin
Abbée Paul Bélanger