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Il était une fois des villages autonomes – Saint-Jean-Port-Joli (suite) Février 2025
par Journal L'Attisée le 2025-02-19

    Par Sylvain Lord

    /    Restaurants
Saint-Jean-Port-Joli compte aujourd’hui de nombreux restaurants et certains ont une réputation qui rayonne bien au-delà de la région. La plupart des anciens restaurants ont disparu aujourd’hui; les listes d’électeurs de 1935 à 1965 et autres documents (1) nous dévoilent plusieurs de ceux-ci : Tony Angelo (1957, 1958 – Bonnet Rouge), Lucien Bernier (1945, 1949, 1953, 1957, 1958, 1962, 1965 – Chez Lucien), Cantine (622, de Gaspé Ouest), Cantine Dominique Caron (environs du 310, de Gaspé Ouest), Jacques Caron (1963), Jeanne Caron (Motel aux Cygnes), Gemma Chamard (Au Bec Fin; 29 de Gaspé Ouest), Chemin du Moulin près du fleuve, Georges-Noël Dionne (484, de Gaspé Est), Cantine Doiron (environs du 102, de Gaspé Est), Maurice Drapeau (1953), Cantine Carmella Fortin (198, de Gaspé Ouest), Gérard Fortin (1962, 1963, 1965; Anse Caronnette), Adélard Fournier (1935, 1940, 1945), Philippe Gagnon (1949, 1953), Restaurant J.E. Guimond (936, de Gaspé Ouest), Alphonse Leblanc (à la Station en 1949), Dominique Leclerc (1957, 1958, 1962, 1963, 1965), Adrien Lévesque (1962), Le Manoir (711, de Gaspé Ouest), Marie-Ange Morin (1963), Thomas Morin (1958, pointe de la rue des Artisans et de la route 132 déménagé au lac Trois-Saumons pour devenir le club sportif), René Paré (1958), Gérard Morneau (88, de Gaspé. Est), Marius Poirier (1965) et Alexis Poitras (1940) (2). Les Archives de la Côte-du-Sud affirment que le restaurant Chez Maurice dans le secteur des Trois-Saumons a été l’un des premiers de Saint-Jean-Port-Joli (3).

Au Bonnet Rouge
Le 30 mars 1946, Georges Majorique Leclerc (1890-1970), employé du service civil provincial, échange une partie du lot 137 avec Dominique Leclerc (1921-1970) lequel lui cède une partie du lot 78. Le contrat ne mentionne pas d’édifice d’importance ni sur l’un ou l’autre des terrains (4). En mai 1946, Dominique contracte un prêt de la Caisse populaire au montant de 3000 $ (5) et en juin un autre de 3500 $ de son père Georges (6). On peut présumer que la construction du Bonnet Rouge (347, avenue de Gaspé Est) s’est faite à partir de 1946. Le 28 août 1947, Georges M. Leclerc, employé civil, et Dominique Leclerc, restaurateur, vendent le restaurant à Philippe Gagnon (1910-1957), restaurateur de Beauport. La transaction comprend le terrain, un poêle, un réfrigérateur, une table de billard, quelques meubles et un bail en cours. Le contrat est signé pour 15 000 $ dont 2000 $ payés comptant à Dominique Leclerc (500 $) et Georges M. Leclerc (1500 $) (7).  En 1948, monsieur Gagnon emprunte à la Caisse populaire; c’est peut-être pour y ajouter des chambres à louer (8). En septembre 1949, il vend 2 tables de billard, des phonographes automatiques et 30 machines à boules (9). Le 30 août 1951, il acquiert une autre partie du lot 137 de l’Association sportive de Saint-Jean-Port-Joli. Le terrain comporte un chalet, des meubles et des bandes de patinoires (10).
Le Bonnet rouge vers 1948 (26)


Le 17 juin 1955, monsieur Gagnon vend le Bonnet Rouge pour un montant de 70 000 $ à Gaspard Mathieu (1918-1989), voyageur de la cité de Québec; la vente inclut les immeubles, les meubles et les stocks. Monsieur Mathieu paie 10 000 $ comptant et emprunte le reste à Lorenzo Ouellet, un industriel de Rimouski. Des chambres d’hôtel sont disponibles depuis au moins 1951 (11). Monsieur Mathieu éprouve des difficultés financières et les contrats notariés se multiplient pendant plus d’un an : adresse, avis, hypothèque, jugement, obligation et rétrocession (12). Il cède son commerce à Henri Pardi (aussi appelé Hank Pardi alias Tony Angelo) en novembre 1956 (13). À partir de cette date, c’est Tony Angelo, un lutteur de Montréal, qui administre l’établissement jusqu’en 1958 (14). En juillet 1958, monsieur Pardi vend à Léo Hamilton, hôtelier de Havre-St-Pierre (15) qui revend quelques jours plus tard à Gérard Thibeault, restaurateur de Rimouski (16). Le fardeau de la dette est trop important et le Bonnet Rouge est revendu à Jean-Paul Bourdeau (1918-2007), gérant d’hôtel à Ste-Germaine de Dorchester, et Paul Dastous, télégraphiste de Saint-Alexandre de Kamouraska, le 2 septembre 1958. Le vendeur doit 55 804 $ à ses créanciers et la transaction est conclue pour 61 804 $. La prise de possession des biens et immeubles est fixée au 8 septembre suivant (17).


Monsieur Bourdeau investit pour développer son commerce et y ajoute un camping, une salle commune, une piscine chauffée et un mini-golf. Le camping comporte 25 places à ses débuts et sa première mention est signalée en 1968 (18). Le 26 novembre 1976, le « Restaurant Au Bonnet Rouge inc. » est constitué par lettres patentes et enregistré légalement le 15 mars 1977 (19). Le 3 août 1978, monsieur Bourdeau, hôtelier et restaurateur, vend à son fils Grégoire, et son épouse Marie-Rose Grégoire, l’ensemble des actifs du Bonnet Rouge. Le contrat précise l’ensemble des biens et immeubles faisant l’objet de la transaction; ils comprennent l’argent en main, l’argent en banque, les comptes à recevoir, les stocks, l’achalandage, le terrain, le pavage, l’hôtel, le centre communautaire du camping, la piscine, le terrain de camping de 50 places (20), le mini-golf et un tracteur. La transaction est conclue avec un actif de 77 501 $ et un passif de 59 618 $; elle est rétroactive au 1er janvier 1977 (21). Dans les années 1990, le Bonnet Rouge commandite une équipe de balle qui compétitionne avec d’autres équipes régionales. Le 8 décembre 2011, rien ne va plus et le commerce déclare faillite (22).

Richard Pelletier fait l’acquisition des immeubles en avril 2012 (23). Il revend le camping de 71 places à Pierre et Dylan Jean en 2021; ces derniers étaient familiers avec le site car la mère de Dylan y a déjà travaillé (24). Quant au reste des installations, il les cède à Jessee Kirouac et Marie-Claude Maheu à l’automne 2021 (25).


Notes:
1) Listes de commerces disparus de Serge Picard (2022-12-15) et de Conrad Toussaint (2023-03-30) transmises par courriel.
2) BAC, Listes des électeurs de St-Jean-Port-Joli de 1935 à 1965.
3) Yves Hébert, Les premiers restaurants de la Côte-du-Sud, Le Placoteux, 28 juin 2020, informations tirées du s ite Internet : https://leplacoteux.com/les-premiers-restaurants-de-la-cote-du-sud/ le 4 janvier 2023.
4) Greffe de Me Émile Miville-Deschênes, Échange entre Georges-M. Leclerc et de Dominique Leclerc, minutes 8999, 30 mars 1946, no enregistrement 64,468.
5) Registre foncier du Québec, Prêt de la Caisse populaire de St-Jean à Dominique Leclerc, 11 mai 1946, no enregistrement 64,710.
6) Registre foncier du Québec, Prêt de Georges M. Leclerc à Dominique Leclerc, 11 juin 1946, no enregistrement 64,917.
7) Greffe de Me Émile Miville-Deschênes, Vente de Georges-M. Leclerc et de Dominique Leclerc à Philippe Gagnon, minutes 10,337, 28 août 1947, no enregistrement 66,349.
8) Registre foncier du Québec, Prêt de la Caisse populaire de St-Jean à Philippe Gagnon, 22 septembre 1948, no enregistrement 67,325.
9) « À vendre », Le Soleil, 68e année, no 207, Québec, 1er septembre 1949, p. 28.
10) Greffe de Me Émile Miville-Deschênes, Vente de l’Association sportive de Saint-Jean-Port-Joli, lot 137, minutes 2329, 30 août 1951 no enregistrement 70,285.
11) Greffe de Me Ronaldo Raboin, Vente de Philippe Gagnon à Gaspard Mathieu, lot 137, minutes 9427, 17 juin 1955, no enregistrement 74,182.
12) Registre foncier du Québec, Index du lot 137 du 1er rang de St-Jean-Port-Joli, 25 juin 1955 au 27 novembre 1956.
13) Registre foncier du Québec, Index du lot 137 du 1er rang de St-Jean-Port-Joli, 27 novembre 1956, no enregistrement 75,978.
14) « À vendre », Le Peuple, série C. vol 2, no 5, Montmagny, 26 avril 1957, p. 12. Cette affirmation est confirmée par d’autres coupures de presse ainsi que le les listes d’électeurs de 1957 et 1957.
15) Registre foncier du Québec, Vente d’Henri Pardi à Léo Hamilton, 23 juillet 1958, no enregistrement 77,760.
16) Registre foncier du Québec, Vente de Léo Hamilton à Gérard Thibeault, 28 juillet 1958, no enregistrement 77,780.
17) Greffe de Me Joseph Bérubé, Vente de Gérard Thibeault à Jean-Paul Bourdeau, lot 137, minutes 8449, 2 septembre 1958, no enregistrement 74,182.
18) Clause-Lyse Gagnon, La Gaspésie offre mille oasis aux campeurs d’été, La Patrie, 4 août 1968, p. 48. Le camping a possiblement été inauguré avant cette année-là mais on en retrouve aucune trace dans les journaux.
19) « Restaurant Au Bonnet Rouge inc. », Gazette officielle du Québec, 109e année, no 15, Québec, 16 avril 1977, p. 3641.
20) « Publicité », Le Soleil, 83e année, no 139, Québec, 9 juin 1979, p, D-6.
21) Greffe de Me Jean-Pierre Ouellet, Vente de Jean-Paul Bourdeau à Grégoire Bourdeau et Marie-Anne Grégoire, lot 137, minutes 537, 3 août 1978, no enregistrement 111,209.
22) Michel Chassé, Richard Pelletier achète le Bonnet Rouge, CMATV, informations tirées du site Internet : https://cmatv.ca/richard-pelletier-achete-le-bonnet-rouge-2012-03-20/ le 4 janvier 2023.
23) Registre foncier du Québec, Vente du syndic de l’actif du restaurant Au Bonnet Rouge inc. à Richard Pelletier plans d’architecture inc., 10 avril 2012, no enregistrement 18?955?063.
24) Anne-Frédérique Tremblay, Une nouvelle direction pour le camping Au Bonnet Rouge, L’Oie Blanche, 17 juillet 2022. Informations tirées du site Internet : https://journaloieblanche.com/une-nouvelle-direction-pour-le-camping-au-bonnet-rouge/ le 4 janvier 2023.
25) Registre foncier du Québec, Vente de Richard Pelletier à Jessee Kirouac et Marie-Claude Maheu, 6 octobre 2021, no enregistrement 27?617?624.
26) Archives de la Côte-du-Sud, Au Bonnet Rouge vers 1948.



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